Contre la régression démocratique, le racisme et l’autoritarisme : intervention populaire, féminisme, panafricanisme et nouvelle libération. Des élections en question - Intervention du DG de l'ONG AHA au Colloque de Dakar
L’ampleur des défis du monde actuel nécessite des espaces de rencontre et de confrontation, c’est ce que se propose d’être le 6e colloque international de Dakar qui a lieu les 26-27-28 janvier 2022 à l’université Cheikh Anta Diop. Cette édition porte le nom d’Amath Dansokho, ancien ministre, secrétaire général puis président du Parti de l’indépendance et du travail du Sénégal (PIT), décédé le 23 août 2019. Figure majeure de la lutte pour l’indépendance, du communisme en Afrique et de la vie politique sénégalaise, il fut à l’initiative des colloques internationaux de Dakar organisés avec la Fondation Gabriel Péri. Ces trois jours sont conçus en sa mémoire et lui sont dédiés en hommage à son parcours, ses combats et ses idées. À l’image des éditions précédentes[1], le colloque a pour ambition de réunir des acteurs et actrices politiques et sociaux, des chercheur∙e∙s d’Europe et d’Afrique avec plusieurs objectifs : identifier les enjeux socio-économiques, environnementaux, démocratiques, de sécurité et de coopération qui déterminent l’avenir commun de nos deux continents ; débattre des alternatives permettant d’affronter les défis communs ; identifier les luttes sociales et politiques en cours et les synergies à construire pour une solidarité internationale et une coopération effectives entre l’Afrique et
- Introduction
Le contexte mondial actuel laisse présager un relent apocalyptique. En effet l’impression du moment laisse paraitre comme si l’Homme, principal acteur et maitre sur terre a épuisé tous les crédits à son actif, sur tous les plans tant climatiques ; en ressources minières et autres ; sa vulnérabilité sanitaire, ses finances sans maitrise des flux et même son système de gouvernance (Démocratie la plus recommandée) a pris un sacré coup. Le bateau terre est ivre et bientôt sans commandant.
Cette situation si elle va crescendo risque d’imploser tous les systèmes et surtout celle de la gouvernance, la Démocratie qui était censée régir le monde dans la liberté et l’équité. Cette implosion passera par la volonté des peuples qui commencent à se sentir piéger par les élites. Les exemples de déception de par le monde et surtout des pays dit démocratiques sont à l’image des perles d’un chapelet.
Au nom de la démocratie qui elle aussi en ce 21e siècle est en perte de vitesse, il ne se passe pas un jour sans que des citoyens de par le monde au nom du droit de n’avoir pas faim tombe par balle dans les rues pour le prix du pain en hausse ; périssent dans les mers à cause du changement climatique qui affecte leur quotidien voire leur mode de vie ; subissent une répression féroce à cause de contestations légitimes ou d’élections dont ils se sentent lésés par fraude etc.
Sur le plan politique les peuples par la rue arrivent parfois à faire tomber des régimes mais après le changement ils déchantent vite, car le diable comme toujours est dans les détails. Le cas récent du Soudan est illustrateur, le peuple après changement s’est retrouvé avec un changement dans la continuité. Ne serait-il pas judicieux de savoir s’il faut vraiment croire à la démocratie et aux élections comme vertus ?
Pour certaines opinions il est temps de réfléchir sans fiction sur un autre système de gouvernance. La démocratie étant en réelle régression.
C’est pourquoi nous nous pencherons un peu plus bas, certes de façon succincte sur les causes, les conséquences et les pistes pour y remédier surtout pour ce qui concerne l’Afrique avec les corolaires électoraux qui en découlent. Car si elle est l’étendard de la liberté par les élections ; mal utilisée la Démocratie peut être néfaste et anéantir une partie de l’humanité par certains endroits.
Une vue d’ensemble sur la démocratie au 21ème siècle
En parcourant le dernier paragraphe de la session 2 qui nous concerne et à la première phrase que je cite : « la démocratie ne peut se réduire à la dimension électorale… »
Certes, nous concédons bien que ça soit un point de vue.
Cela dit, même si la démocratie ne peut se réduire à la dimension électorale, cette dernière pour ne pas dire qu’elle en est la base, elle en est le socle, à condition que les mots (indépendance, transparence etc.) soient sincères au sein de l’entité qui est censé l’organiser.
En effet, pour ne pas les nommés catalyseurs du système démocratique, les élections sont des sémantiques et éléments cruciaux dans le processus. Et d’ailleurs à juste titre le jaugeage d’un système démocratique se mesure à l’aune de ses élections. Donc, c’est presque le baromètre du système. Quant à leurs transparences c’est un autre chapitre.
Malheureusement en ce 21ème siècle beaucoup des démocraties africaines, occidentales voire même mondiale ont fait preuve de recul avérés, toujours par le fait des élections supposées frauduleuses, contestées, commission électorale partisane et parfois la majorité pour avoir gagné par démographie et non par conviction de changement de niveau de vie, opprime ostentatoirement la minorité au nom de la Démocratie qui pourtant se veut par essence de diriger la cité pour le bonheur des gagnants et perdants dans une synergie de « fair-play » et patriotisme etc.
Beaucoup d’exemples laissent la Démocratie a désiré si on s’en tient à des cas de par le monde. Parfois l’on est en droit de se poser la question s’il ne faut pas inventer un autre système et mécanisme politique mondial pouvant permettre aux peuples de part et d’autre de leurs visions, de vivre dans la quiétude avec un niveau de vie équilibré et comblé de bonheur ? A l’exemple du royaume du Bhoutan qui innove avec son BNB (Bonheur National Brut). Pourquoi pas ?
Une parenthèse pour remarque s’impose ; Dans ce monde, le capitalisme est de plus en plus pointé du doigt, mais hélas, il se maintient, par des mécanismes extraordinairement amphigouriques, et continue à tenir l’humanité entière sous sa coupe. L’Envahissement récent de la planète par la pandémie de COVID 19 a mis à nu les failles du système, mais il continue de brimer davantage les masses populaires.
- Sur le plan mondial (aperçu).
Cependant et en vérité, les seules élections ne suffisent pas à qualifier un régime de démocratique, dire le contraire c’est acquiescer par avance à son possible basculement vers des formes plus autoritaires à l’exemple de l’Inde, plus grande démocratie du monde qui, sur la base d’une majorité élue, donne corps au rêve de son Premier ministre, Narendra Modi, d’une nation exclusivement hindoue.
Aux Etats-Unis ‘’La prise du capitole’’ sous Donald Trump est une parfaite illustration du recul de la démocratie, surtout pour un pays qui se veut, se vante et se réclame de ‘’Grandes démocraties’’ lui aussi.
En 2007 en France, la Cour des Compte française avait relevé que le candidat Nicolas Sarkozy n’avait pas respecter un plafond de dépenses fixé par la loi pour le financement de sa campagne. Pas plus loin qu’en 2018, un rapport de l’ONG Transparency International avait relevé des manquements sur les comptes de campagne d’Emmanuel Macron.
Un peu plus vieux, dans les années 80, Francois Mitterrand futur président de la République française pour gagner le suffrage des électeurs a dissimilé sa maladie avérée plus tard quand il quitta le pouvoir. Sur cet exemple, il est clair et de façon incontestable de dire que les élections et leurs enjeux sont indispensable ; jusqu’à mentir en leurs noms pour les obtenir en sa faveur.
Pour ce qui concerne la démocratie Russe, n’en parlons pas, elle est presque une mise en scène théâtrale.
La Chine avec sa démocratie à sens unique ou le patron du parti Communiste et ses membres sont élus avec des élections aux résultats spectaculaires.
En Turquie, élections et démocratie prisent au goulot par le fait d’un seul homme.
- Cas de l’Afrique.
En Afrique particulièrement, les résultats des élections en passant par leurs organisations ont toujours été les sources de plusieurs conflits par des descentes dans les rues opposant les partisans des différents camps, ou contre des forces de l’ordre et parfois éclate même en guerre civile et Adieu la démocratie et les élections pour certains cas. La Côte d’Ivoire en 2010, par exemple.
Il arrive aussi parfois qu’un troisième larron s’invite dans la scène provenant de la ‘’grande muette’’ pour sonner la fin de la récréation et dans ces cas, la démocratie sera mise en veilleuse par le truchement d’une transition dès fois interminable et où à la fin, l’homme fort de la transition changera de veste pour lui aussi être candidat. Pour avoir les manettes du pouvoir au moment, lui aussi manipule les élections et récréera la même situation qui avait motivé sa prise de pouvoir auparavant. Mais il arrive que les hommes en treillis tiennent parole et cède le pouvoir aux civiles, en guise d’illustration, nous pouvons citer le cas du Burkina-Faso entre-temps. Bien que malheureusement un autre scénario répétitif est en cours actuellement mettant la démocratie en péril.
Voici comment schématiquement et de façon succincte par le biais des élections, une vraie entorse s’incruste dans la démocratie en Afrique, du moins dans beaucoup des pays.
Si en Afrique australe ou plus généralement en ex-colonie anglaise les choses semblent avancer, le pré-carré français demeure extrêmement en retard sur l’indice de démocratie.
A cet égard, un Chef d’État africain n’avait-il pas publiquement tenu un propos ahurissant ? : « En Afrique il faut être con pour organiser les élections et les perdre …» A ce niveau le décor est planté sur la perception des élections en Afrique…
Certes, tout le tableau n’affiche pas rouge en Afrique. Le Sénégal, le Benin, le Niger et récemment la Gambie, peuvent être notés et classés au rang des bons élèves en matière électorale.
Par contre si les élections sont des pièces maitresses pour l’alternance aux pouvoirs, elles sont aussi malheureusement transformées en levier pour s’éterniser au pouvoir. Le cas Alpha Condé en Guinée, ou celui ADO en Côte d’Ivoire, une tentative par le passé par le président Abdoulaye Wade au Sénégal ou le Tazartché de feu Président Tandja du Niger etc. peuvent être cités comme exemples.
Autre chose, la manipulation des élections au haut sommet en sa faveur, découle aussi parfois sur le lendemain après alternance par le perdant au pouvoir.
Le président Ould Abdelaziz en Mauritanie l’a appris à ses dépens par les déboires parfois judiciaires après avoir cédé démocratiquement le pouvoir que lui-même avait obtenu par un coup de force.
Au Congo, la chasse aux sorcières semble aussi commencer pour l’Ex-Président Kabila et ses proches.
Si en son temps, le cas ATT a été plus que saluer, les exemples donnés in-fine n’encouragent pas les autres à céder le pouvoir et se retrouver pourchasser par la justice ou pire, se retrouver à la case prison. Donc la seule alternative est la manipulation des élections pour s’éterniser et avoir une ‘’légitimité’’ face à l’opinion tant nationale qu’internationale. Ces manœuvres passent par le déverrouillage des constitutions pour illimité les mandats, et ceci est toujours sous-tendu par des élections (truquées), soit par referendum ou le vote des députés le plus souvent acquis à l’initiateur. Eux aussi des mauvais élus initialement. L’Afrique centrale et en particulier le Tchad sous le feu Idriss Deby était une parfaite illustration.
- Facteurs exogène (déficit démocratique &élections -Afrique surtout francophone).
Après tous ces exemples mettant en exergue les élections qui aboutissent parfois à des reculs de la démocratie ; ne serait-il pas sans cautionner l’autoritarisme, l’anarchie, moins encore la dictature pour parachever, René Dumont qui avait écrit aux années des indépendances africaines : « l’Afrique était mal partie… » et ici d’ajouter : « Qu’elle était aussi mal partie pour la démocratie. »
En effet, si par endroit elle semble bien marchée dans beaucoup des pays africains des colonies anglo-saxonnes et assimilés à l’exemple du Ghana, Afrique du Sud, Cap-Vert, Nigeria, Kenya etc. la démocratie dans le pays Africains francophones et assimilés a du plomb dans l’aile.
La question qui se pose, est celle de savoir pourquoi ce gap dans des pays d’un même continent qui se partagent par pays interposés et en majorité directement les mêmes frontières ; les mêmes cultures et surtout les mêmes ethnies de part et d’autre des frontières. Leur seule différence ne se résume que dans les langues officielles respectives. Chacun a sa langue officielle découlant de son colonisateur.
Pour comprendre ce fait, il faut remonter brièvement l’histoire aux années des indépendances dans les deux colonies respectives.
Les pays des colonies anglo-saxonnes, en majorité ont obtenu leurs indépendances presque tous clé en main. Ils ont évolué dans le temps et suivant l’évolution du temps aussi. Le Nigeria par exemple, quand c’était la période des putsch, il détenait la palme d’or et quand souffla le vent de la démocratie, ce pays s’adapta et sut prendre la balle au rebond. Pour exemple, un ancien putschiste est actuellement à la tête de l’exécutif de manière démocratique.
Certes l’Ouganda ne sera pas un bon exemple, après les bouffonneries paranoïaques et dictatoriales de IDI Amine Dada ; Museveni a confisqué le pouvoir avec dernièrement un spectre de succession dynastique. Mais dans une vue d’ensemble c’est presque une goutte d’eau dans l’océan démocratique comparativement aux autres pays anglo-saxons d’Afrique.
Pour ce qui concerne les pays francophones et assimilés d’Afrique, les indépendances n’ont eu d’indépendance que de nom. Par métaphore on dira que le bébé a été enterré à sa naissance et on a laissé grandir le placenta.
En effet, le péché originel a été la proposition coopérative presque forcée, après les indépendances dans un cadre communautaire imposé par le Général De Gaule.
Ahmet Sékou Touré pour avoir cru à l’indépendance dans le sens du terme a vu le revers de la médaille après l’indépendance de son pays obtenue aux forceps.
En RDC, Lumumba croyant naïvement à l’indépendance de son pays ; pour avoir voulu voler par des ailes nationalistes et indépendantes vis à vis de la Belgique s’est retrouvé sous terre.
Donc pour les autres indépendances c’étaient parties avec une laisse au cou.
A titre comparatif, comment comprendre que la Grande Bretagne a pris ses distances et n’applique pas une politique paternaliste ou servir d’étoile du Berger à ses anciennes colonies ? Leurs coopérations sont de pays à pays, avec respect et sans ingérence à outrance.
Au contraire elle prend ses distances boude, dénonce et condamne quand les droits de l’Homme par exemple sont bafoués dans un pays de ses ancienne colonies. Logique.
Vrai le cas de l’Afrique du Sud est une tache d’huile dans l’histoire. Mais par la suite les choses sont arrangées.
Cependant dans les pays francophone et assimilés ; la France surtout a tiré la corde depuis les indépendances jusqu’à ce jour malgré l’ère considéré comme démocratique.
Tous les mécanismes mis en place depuis les supposés indépendances continuent à servir la France.
Sur le plan politique par exemple le fameux sommet France/Afrique est en réalité qu’une messe pour un club d’amis chefs d’États au détriment des peuples. Le dernier n’est que de la poudre aux yeux. Les présidents Africains font tout pour paraitre fréquentable personnellement vis-à-vis du chef l’État français du moment pour leurs maintiens au pouvoir au prix de sacrifier toutes les richesses du pays et affamés leurs peuples.
Omar Bongo et Jean Bedel Bokassa sont des exemples types. Le premier n’a-t-il pas été l’ami de tous les chefs d’État de la Cinquième République de tous bords jusqu’à sa mort ? Sans oublier les pèlerinages presque rituels à Libreville de la majorité des candidats qui aspirent à la magistrature suprême en France pour bénéficier de ses ‘’largesses’’ et cette pratique est appliquée tant au candidat au pouvoir que ceux qui l’affronteront aux urnes. Le tout par la bénédiction du concept complexe et chimérique de la fameuse France/Afrique.
Pour le deuxième ; il poussa le bouchon de zèle et comédie en profondeur. Au-delà de son admiration presque par adulation pour Napoléon, ‘’Papa’’ pour le Général De gaule, ‘’cousin’’ pour Valery Giscard d’Estaing ; il obtiendra son sacre d’empereur par l’onction de la France au détriment du peuple centrafricain. Les richesses du pays miniers et autres étaient pour la Métropole, parfois à des simples personnalités. Mais le jour où il nourrissait la volonté de se rapprocher du Colonel Gadafi il fut viré comme un mal propre et remplacé par son propre cousin transporté par un avion militaire français qui a décollé de la base française de N’djamena. Donc la France laisse faire tant que ses intérêts ne sont en jeu.
Sur le plan économique, la France pour avoir embrassé l’Euro par l’abandon du Francs auquel était arrimé le CFA, elle a tout fait pour repêcher ce dernier par le truchement de la banque de France et lui trouvé un strapontin derrière l’Euro. Est-ce une œuvre de compassion ? Non. Mais en réalité c’est une manœuvre pour vouloir garder la main mise sur ses anciennes colonies au prix de pactiser avec le diable.
Partant de ces exemples et surtout que les habitudes ont la peau dure d’une part, les ingérences intempestives dans les affaires intérieurs des anciennes colonies d’autre part sans oublier qu’actuellement malgré la démocratie un relent de soupçon pèse sur la France qui fermerait les yeux sur la qualité des élections en Afrique francophone si elles sont en faveur de son Poulin du moment.
Le deux poids deux mesures est presque la monnaie courante dans les relations avec l’Afrique francophone. La démocratie vue de la France est à la tête du supposé démocrate à la tête du pays de l’ancienne colonie. Exemple, certains chefs d’État déverrouillent allégrement par le biais des élections leur constitutions sans être inquiéter malgré les doutes ne serait-ce que sur la qualité du processus électorales ayant abouties à l’atteinte de leurs objectifs. Et pour rendre belle la princesse la France sera la première a adressé ses lettres de félicitations qui tranchent net avec la réalité et l’opinion de l’opposition, cette dernière après dénonciation et toutes initiatives pouvant faire obstruction au projet finira au fil du temps par se lasser par usure du temps aussi. Mais la haine envers la France et dans la confusion, parfois son peuple qui n’a rien avoir prendra d’ampleur chez les perdants du pays de la colonie, d’où une certaine xénophilie envers les Français devient perceptible.
La même France dans le même contexte lui arrive de condamner et dissuadé d’autres chefs d’États à ne pas initier ce qu’elle a laissé faire ailleurs. Donc en conclusion, toutes ces situations non seulement encourage le clientélisme, la corruption etc. mais affecte sérieusement la démocratie en Afrique et particulièrement les élections.
Aussi tant que la France ne cesse ses ingérences dans les politiques intérieures des pays africains de ses anciennes colonies ; la démocratie en Afrique sera toujours bancale. Donc, un recul avéré.
Les facteurs sont multiples avec des larges éventails, ici nous n’avons juste levé un pan voile.
- Facteurs endogène.
Bien sûr que les facteurs exogènes affectent la Démocratie et les élections en Afrique francophone, mais il ne faut pas perdre de vue les facteurs internes. La majorité des chef d’états « tricheurs » en Afrique ont la main mise sur tous les appareils (institutions) en rapport avec les élections (commission électorale, Cour suprême etc .) sans oublié la nomination des gouverneurs et autres chefs des unités administratives, toujours des affidés reconnaissants au « bienfaiteur » et prêt à se coupé la tête pour son maintien dont dépend leurs survies. Par ce fait la seule façon de lui renvoyer l’ascenseur sont surtout pendant les périodes électorales quoiqu’il advienne. N’est-ce pas pathétique l’anecdote sur ce chef d’état qui s’est fait élire dans une localité par excès de zèle a 110% ?
En d’autres termes, la fraude électorale reste l’arsenal le plus redoutable pour le maintien d’un pouvoir du sommet à la base. C’est-à-dire du Président de la République jusqu’au conseiller municipal pour garder le pouvoir a au moins 90% et les 10% restant sont le plus souvent « redistribués » a l’opposition pour avoir un semblant des voix discordantes vis-à-vis des partenaires extérieurs financiers du processus etc. (il n’est pas rare de constater aussi que le plus souvent les bénéficiaires « opposition » du gâteaux empoisonné ne sont autre que l’émanation du pouvoir lui-même pour amuser la galerie).
L’opposition pour ne pas dire les oppositions ont de fois des grandes responsabilités d’une manière consciente ou inconsciente pour être facteur d’encouragement des fraudes électorale et partant acteur sur le recul de la Démocratie locale pour laquelle ils menaient leur combat.
Le plus souvent la majorité des partis politique sont indigents pour des organisations qui aspirent a la magistrature suprême. Et comme l’argent est le nerf de la guerre, a défaut en période électorale il arrive que dans un endroit reculé du pays bien qu’il existerait des bulletins de l’opposition, force est de constater qu’aucun représentant de cette dernière n’est présent, d’où le parti au pouvoir sans gêne ni témoin a toute les facilites de manipuler allègrement les procès- verbaux a la fermeture des bureaux de vote. Simple exemple.
La saga de l’opposition ne s’arrête pas là. En effet comme mentionné ci haut, cette indigence fait de certains opposants des précaires car beaucoup n’ont pour Siège du parti (le minima pour un parti politique) que le domicile personnel du président fondateur et là aussi s’il en possède, sinon ça sera son autorisation de fonctionné dans sa sacoche.
Il va de soi, et comme le pouvoir aussi n’est jamais tendre avec eux, il serrera les boulons jusqu’à l’asphyxie (chômage, fonctionnaire sans poste ni promotion, expropriation pour raison d’état etc.) tout est fait pour pousser le récalcitrant à bout de souffle. Dans cette configuration certains n’hésitent pas à jeter l’éponge et s’allié au parti au pouvoir et d’autres procèdent par sabordage de leur parti pour le fondre dans celui du camps d’en face car le minimal des mandats présidentiels sont de 5ans.
Or cette pratique, non seulement renforce la légitime de celui qu’ils ont combattu hier mais ils deviennent eux aussi complices du recul de la Démocratie et des élections. Ainsi pour raison de survie cette frange de l’opposition contribuera a la fraude s’il ya lieu aux prochaines élections pour le maintien du nouveau allié.
En somme si les facteurs externe et interne facilitent les fraudes électorales, par cet exemple il apparait clairement que la corruption elle aussi est un élément nuisible pour le bon déroulement des élections, pour l’alternance.
Si l’on s’en tient à ce schéma, le Tchad post-transition donne des indices un peu illisibles, à commencer par oui ou non de la présentation des acteurs de la transitions aux futures échéances électorales ? Prolongation de la transition ..etc Toutefois le bémol sera l’éventuel forum dit inclusif à venir.
S’il se tient dans des bonnes conditions avec le respect des engagements des uns et paroles données des autres, les textes qui accoucheront de cette rencontre mettront le pays sur de bon rails tant toutes les aspirations ont été compilés dans le draft des pré-forum régionaux.
Il s’agit de la forme de l’État, la problématique des jeunes en général et particulièrement de la gent féminine ;
Il faut préciser que ce pays est beaucoup connu depuis les indépendances pour ses guerres fratricides et les alternances au pouvoir se sont toujours soldées par mort d’hommes.
D’où cette phase du pays puisse conjurée le mauvais sort par une alternance paisible et démocratique au sommet de l’état par une nouvelle génération décomplexée et consciente du destin du pays.
Par contre sur le plan politique comme mentionné un peu plus haut, les politiques tchadiens ne sont pas différents des autres en Afrique pris en exemple. Ici aussi ils se sont entendus pour ne pas s’entendre. A la mort du président défunt Idriss Deby, ils étaient soudés et faisait front commun face au fils et dès que le pouvoir a miroité des institutions de transition qui au-delà de servir et mener à bon port le processus, procurera au sujet la rejoignant des retombées sonnantes et trébuchantes ;
L’opposition s’est très vite effritée. Ceux qui hier combattaient le père pour ses supposées intentions dynastiques sont très vite devenus alliés voire même des mentors du fils.
Vivement que le nouveau pouvoir incarné par un jeune puisse comprendre que l’avenir démocratique et électoraliste de son pays sont entre ses mains pour tourner définitivement la page de ses alternances violentes et ouvrir une nouvelle ère véritablement démocratique.
Conclusion Perspectives
NB : Sur cette rubrique, et surtout relatif au cadre de réflexion Afrique /Europe ; nous proposerons des pistes a gratter et prendre en compte car après tout, les États partant de leurs souverainetés auront plusieurs astuces pour contourner les garde-fou pouvant les dissuader à ne pas tirer la démocratie et surtout les processus électoraux vers le bas.
Ainsi, comme l’organisation des élections bâclées, jusqu’aux résultats, qui aboutissent à des initiatives de contestations des mouvements citoyens etc. et qui parfois arrivent à renverser des régimes ; ou par relent de suspicion sur un supposé soutien ou caution d’une puissance étrangère débouchent sur un certain nationalisme voire même de la xénophobie nourris par les « perdants ».
Ces initiatives précisées in fine, au-delà du courage des peuples et du dynamisme de la Société civile, des organisations des femmes notamment etc. produisent malheureusement d’innombrables victimes par répression, emprisonnements ou exils etc.
Alors faut-il continuer à perdre des Hommes pour leurs aspirations à un système démocratique plus transparent ? Faut-il continuer à perdre beaucoup plus des Hommes par ce qu’ils vivent sous un système oppresseur et dictatorial ?
Il est temps d’agir, car le fait ne serait-ce que de dénoncer et ou de proposer des pistes est déjà en soi une assistance à personne en danger. Ce leitmotiv est valable pour toutes les organisations épris de justice et de paix.
Feu Desmond Tutu qui vient à peine de nous quitter ne disait-il pas que celui qui n’assiste pas des personnes face à l’injustice était lui-même complice de cette injustice.
C’est pourquoi, il faut des réponses efficaces au déficit démocratique, et pour inverser la tendance actuelle, dans le cadre de la réflexion synergique Afrique/Europe dans un cadre citoyen découlant des sociétés civile intercontinentales ; il faut d’ores et déjà dépasser le cadre du panafricaniste inerte et théorique, il est temps d’agir, il est temps que les masses populaires commencent à compter sur leurs propres forces ; Et nous basant sur les exemples et situations exposées dans le corps de notre travail dont une partie est consacrée aux facteurs de recul de la démocratie et des élections en Afrique, nous préconisons :
- L’implication effectives des femmes, véritables forces motrices des changements que nous voulons.
- Plus de synergie entre les acteurs de la société civile en vue d’une mutualisation des idées, des efforts et des actions permettant d’atténuer les méfaits du libéralisme.
- Privilégier un leadership serviteur qui banni le maintien au pouvoir ou à la tête des autres formations politiques advidam eternam. Les forces politiques doivent impérativement se réinventer.
- La mise sur pied d’une organisation à parrainer par l’Union Africaine et l’union Européenne. Cette future structure organisationnelle dotée de moyens aura un rôle à être accrédité lors des élections auprès des Commissions électorales locales. Un mécanisme de relai des informations pendant les élections débouchera par la transmission des résultats au fur et à mesure des décomptes dans les bureaux de vote. Et cela passe par une contribution de supports téléphoniques cellulaires, internet et aussi médiatiques, les radios communautaires par exemple (d’ailleurs ce par ces dernières que les résultats obtenus et diffusés au-fur et à mesure ont dissuadés le président Abdoulaye Wade en son temps à accepter les résultats des urnes confirmant sa défaite)
- Renforcement de l’Observation électorale-Sensibilisation sur l’importance de la carte d’électeur, sur le vote des femmes, des jeunes. Éthique-Transparence de la vie publique doivent chapeautés l’initiative.
- Adaptation d’un système de plafonnement financier tant pour l’opposition que pour le parti au pouvoir par un mécanisme de transparence et de traçabilité. Encourager l’implication des matériels sophistiqués (kit biométrique etc.) dans le processus, de l’enrôlement effectif jusqu’aux élections en passant par les résultats. Ces procédés éviteront la précarité de l’opposition et éviteront ou atténueront les tentations et tentatives de corruption pendant et après les élections. Et aussi réduiront les fraudes électoraux très pratique et facile par des matériels manuels. L’application de ces mesures doivent être conditionnés par les partenaires d’accompagnement du processus électoral le plus souvent le PNUD et /ou l’UE.
- Encouragement des tenants du pouvoir par des garanties après leurs départs. Les initiatives de l’Organisation de Mo Ibrahim sont salutaires mais il faut un peu plus en impliquant le système des Nations-Unis par des nominations a des postes de prestige (représentant spécial dans des conflit etc.) Comme dans les exemples cités plus haut, ceux des chef d’état qui veulent cédés par alternative craignent la chasse aux sorcières car les cas font légions actuellement.
- Encouragement des jeunes pour être les pièces de l’alternative car ne se reprochant rien du passé et pas comptables, ils risquent moins des erreurs de leurs ainés et seront enclin aux alternatives le moment venu car il l’aurait eux aussi obtenu par alternance. Une fois le problème générationnel passé, nous pensons que l’avenir sera un boulevard de démocratie et transparence. Le cas actuel du Tchad s’il arrive qu’il marche comme prévu, fera école dans la sous-région.
- Encouragement des initiatives réunissant les sociétés civiles européennes africaines au lieu des traditionnelle rencontre France/Afrique. Cette initiative non seulement permettra à la France de prendre en compte les aspirations des jeunes, femmes et défenseurs des droits de l’Homme etc. Et aussi coupera le cordon ombilical et amical entre chefs d’état africain et celui de la France qui est aussi un facteur de maintien au pouvoir en Afrique.
Comme mentionné un peu plus haut, l’ingérence partisane de la France dans les processus électoraux en Afrique est aussi un grand facteur du recul de la démocratie.