L’ONG AHA solidaire des demandeurs d’asile tchadiens.

4 Juin 2021, 02:25

Pour la société hexagonale, les immigrés, et plus particulièrement les demandeurs d’asile demeurent des citoyens de seconde zone, des fantômes dont on ne se préoccupe pas beaucoup, des indétectables – la formule est ici empruntée à Jean-Noël Pancrazi qui en a fait le titre de son roman, narrant l’errance puis l’expulsion d’un sans-papier malien. Beaucoup croyaient que se rendre à Val-de-Fontenay, à l’OFPRA (l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides), puis à Montreuil, à la CNDA (Cour nationale du droit d’asile) était aussi simple. Une formalité un peu ennuyante, une journée de perdue, tout au plus. Et puis il y a eu, il y a quelques années (2014) le cas de Ahmad Moussa Adam. A part pour les initiés tchadiens, il n’est pas possible de connaître son nom. La presse française l’a affublé du sobriquet de « demandeur d’asile tchadien », sans plus creuser. Rendons-lui son humanité que tous lui ont niés et faisons-en sorte que son sacrifice ne soit pas vain, qu’il marque une nouvelle ère dans la prise de conscience par l’opinion française et internationale du sort des réfugiés en France, et notamment de ceux ressortissant du Tchad.

Certes, l’ONG panafricaine AHA n’est pas habilitée, de se prononcer sur la politique d’asile menée par les autorités françaises. Fidèle à son idéal de ne pas s’ingérer dans les affaires d’un autre pays. Il comprend que la France n’a pas vocation à accueillir tout le monde, et que les demandes d’asile, plus de 60 000 chaque année, doivent être vérifiées au cas par cas. Les demandeurs tchadiens ne représentent d’ailleurs qu’une infime minorité face au flux d’afghans, de syriens, de pakistanais, de kurdes, de congolais, de maliens qui déposent un dossier à l’OFPRA. Pourtant, il y a matière à s’insurger. Le Tchad, et c’est confirmé par les nombreux rapports des organisations de défense des Droits de l’Homme (ACAT, Amnesty, Human Rights Watch…) ploie sous le joug d’une véritable dictature où tous ceux qui oseraient s’opposer sont systématiquement intimidés, menacés, contraints de fuir pour sauver leur vie et celle de leur famille. Il n’est donc pas anormal que des compatriotes se retournent vers la France pour lui demander protection.

Nul n’est censé ignorer que devant la persécution, toute personne a le droit de chercher l’asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays. De plus, la Convention de Genève de 1951, relative au statut des réfugiés politiques a été signée et ratifiée par le Gouvernement français,

Au regard de la situation politique intérieure du Tchad qui reste fragile conséquence d’une dictature féroce et des violations des droits humains et des libertés, de l’absence totale de protection des citoyens confrontés à des diverses formes de menaces physiques et d’atteinte aux libertés fondamentales dans leur propre pays.

Considérant le rejet massif sans motif fondé des demandes d’asile des ressortissants tchadiens ayant fui leur pays pour des raisons politiques craignant la persécution du régime, avec un climat politique, sécuritaire et social qui règne en ce moment et qui ne peut justifier le retour des demandeurs d’asile et réfugiés politiques tchadiens.

Nous lançons un appel aux instances s’occupant des demandeurs d’asile de revenir aux fondamentaux, à l’esprit de tolérance et de fraternité qui a façonné la France républicaine, celle de 1789, celle qui a accueilli sans distinction les républicains italiens, les juifs russes victimes de pogroms, les Arméniens victimes d’un génocide. La CNDA devrait reconsidérer le traitement réservé aux tchadiens afin de leur accorder le statut des réfugiés au même titre que d’autres citoyens en provenance des pays instables et conflictuels.

Le Bureau de l’ONG AHA

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