L’ONG AHA dénonce des arrestations arbitraires lors de la marche pacifique du 27 mars 2021
COMMUNIQUÉ DE PRESSE [Réf : ONGAHA/BN/OBSDDH/010/2021]
Bien que le droit de manifester soit consacré par la constitution tchadienne, il ressort du constat de notre organisation que ce droit fait l’objet d’une interdiction systématique de la part des autorités.
Ce samedi 27 mars 2021, des citoyens et leaders politiques ont répondu à de nouveaux appels à manifester pacifiquement. Une fois de plus, ils se sont heurtés au refus opposé du Ministère de la Sécurité Publique.
En effet, Le ministère de la Sécurité publique a déclaré que "toutes les marches et manifestations, quelque soient leurs dénominations, n'ayant pas eu un accord préalable et qui occasionneraient des troubles à l'ordre public, sont strictement interdites sur l'ensemble du territoire national, jusqu'à nouvel ordre".
Ces décisions sont prises au mépris des engagements internationaux, un signal négatif de plus dans la litanie des violations de droits au Tchad. Cela est incompréhensible alors que le même gouvernement autorise toutes les manifestations pro-pouvoir.
Les manifestations qui se sont déroulées aujourd’hui ont été marquése par des violences à l’égard des protestataires, de nombreuses arrestations sont signalées. En effet, d'innombrables manifestants ont été arrêtés, on dénombre des arrestations de chefs de partis tels que François Djekombé, Yacine Abderahmane Sakine, des membres de l'ONG AHA tels que Ahmat Guarbaye ou encore Mahamat Issa, des journalistes ainsi que des artistes.
En 2021, cette répression à l’endroit de paisibles manifestants pacifiques, femmes et enfants, continue de choquer toute l’opinion publique. Il est inadmissible de brutaliser des citoyens à mains nues et qui ne réclament qu'un droit légitime, celui de marcher de façon pacifique.
Il est également indécent de tabasser et d'user de gaz lacrymogènes de façon disproportionnée contre les manifestants. Au niveau de notre organisation, nous déplorons que des voix dissidentes soient réduites au silence.
Très préoccupé par la montée de la violence institutionnelle, l’Observatoire des Droits de l’Homme de l’ONG AHA trouve liberticide ces mesures restrictives.
Face à cette situation inquiétante, L’Observatoire des Droits de l'Homme de l'ONG AHA :
Dénonce ces pratiques anticonstitutionnelles et contraires au droit international
Condamne l'utilisation abusive de moyens répressifs dans les manifestations.
Interpelle l’opinion internationale sur ces dérives d’un autre âge.
Demande la libération immédiate et sans condition des manifestants arrêtés et détenus arbitrairement.
Et enfin, l'Observatoire invite le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à se saisir de cette situation lors du prochain Examen périodique Universel (EPU).
Fait à NDjamena le 27/03/2021
L'Observatoire des Droits de l'Homme de l'ONG AHA