Paysage culturel du Lac Tchad (un Patrimoine à inscrire).

15 Août 2020, 11:04

 

Le lac Tchad est un vaste étendu d’eau douce peu profonde au milieu d'un massif dunaire qui couvre 4 pays, à savoir : le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad.

La paléogéographie nous renseigne que le lac Tchad a été en constante évolution en rapport avec les conditions climatiques. Sa superficie a connu des variations dont l’interprétation a fait l’objet de nombreuses controverses. Son étendue actuelle se situe autour de 17.000 km² en fin de saison des pluies. Il s’agit d’un lac endoréique alimenté principalement par les cours d’eau que sont le Logone, le Chari, et la Komadougou Yobé. Cet écosystème comporte une grande variété de zones humides : eaux libres, ilots-bancs, polders, mares temporaires ou permanentes dont certaines sont riches en natron. Aux abords du lac, les sables du désert et l’eau se rencontrent en un réseau complexe de méandres, parfois cultivés. La décrue en saison sèche découvre de vastes plaines inondables sur les rives du lac. Elles abritent des plantes aquatiques comme le papyrus ou la spiruline mais aussi de nombreuses espèces animales dont des oiseaux migrateurs, qui utilisent ces plaines comme aires de repos.

Le lac Tchad a pour particularité d’être couvert de centaines d’îles dont de nombreuses sont habitées par plusieurs communautés (Kotoko, Mouloui, Barma, Boulalan, Babalia, Kanembou, Haoussa, Massa…) qui vivent de ses ressources et perpétuent des modes de vie assurant leur résilience. Cette cohabitation entre l’Homme et la nature qui perdure depuis des siècles donne une véritable dimension de paysage culturel à cet immense lac.

La présence humaine aux abords du lac remonterait à l’ère Paléolithique. La Civilisation ancienne la plus connue est celle des Sao, qui regroupe un ensemble de populations qui seraient venues de la vallée du Nil pour peupler les abords du lac Tchad autour du 5ème siècle avant J-C[1]. L’histoire des Sao est indissociable du lac. Ceux-ci ont laissé de nombreux vestiges qui nous apprennent qu’ils vivaient principalement de la pêche, de la chasse, de l’agriculture. Leur riche poterie nous indique aussi qu’ils étaient de grands artistes. Les Sao ont laissé des vestiges archéologiques et objets usuels et des pratiques de pêche, d’agriculture et de chasse qui constituent aujourd’hui le patrimoine de leurs descendants.

 

[1] LEBEUF (J-P), Carte archéologiques des abords du lac Tchad (Cameroun, Nigeria, Tchad), 1969, Paris, 171P.

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